Basics - La longue route qui mène à G-Land

Souvenir de Java dans les 70's

- @oceansurfreport -

Le surf tient une place capitale dans la vie du surfeur hawaïen Bill Boyum. Dans « Journals from the edge » il fait le récit de sa découverte de ce monde si particulier et de son installation à G-Land dans les années 70.

Dans les années 20 et 30, les célébrités et stars de cinéma américaines voyageaient vers Waikiki pour profiter des vagues et voir en action l’ambassadeur du surf Duke Kahanamoku. Après la 2nde guerre mondiale, quelques surfeurs californiens commencèrent à explorer Oahu, très motivés pour trouver de nouvelles vagues. Les surfeurs locaux avaient déjà découverts un bon nombre de spots sur la Côte sud de l’île mais la compétition entre eux était si forte que leurs recherches les poussèrent sur le North shore, très exposé aux swells hivernaux massifs. Des légendes allaient naître sur les spots de Sunset Beach, Waimea Bay et bien sûr Pipeline.

Le grand-père de Bill Boyum était arrivé à Maui en 1906, non pas pour le surf et le soleil, mais pour travailler dans l’industrie du sucre. Son père, né et élevé à Maui, était ensuite parti dans l’académie navale en 1936. Il avait poursuivi sa carrière en tant qu’officier de marine après la 2ème guerre mondiale. L’enfance de Boyum avait donc consisté à bouger de station en station aux Etats-Unis. Une expérience désorientante même si sa grand-mère paternelle vivait encore à Maui. Elle était l’ancrage de la famille à un endroit que tous considéraient comme le paradis.

Vers le milieu des années 60, les autres îles hawaïennes restaient inconnues mais la légende d’une vague magnifique fit son apparition dans le monde du surf. Honolua Bay, au nort ouest de Maui était encore plutôt isolée à l’époque.

Petit à petit, les lines-ups bondés et le problème du chômage créèrent un esprit de compétition entre les surfeurs locaux et les américains de passage. Ajouté à cela, les voyageurs qui finalement s’installaient à Hawaii adaptaient leur mode de vie à la contre-culture (LSD et marijuana compris). Beaucoup de ces surfeurs se ralliaient aux protestations contre la guerre du Vietnam. Avec un marché de l’emploi très limité, cette petite communauté de hippies commença à grossir pour devenir le fameux « Maui-Wowie » (littéralement « graine de cannabis »). Leur style de vie très relaché heurtait les sensibilités locales et l’ambiance n’était pas spécialement harmonieuse.

Malgré cette discorde, la plupart des surfeurs qui avaient déjà voyagé auparavant, avaient l’impression d’avoir touché le jackpot en s’installant à Maui. Bill ne se souvient pas particulièrement avoir vu de mouvement de masse après le passage d’ « Endless Summer » sur les écrans. Après tout, Hawaii faisait partie du film… Mais l’idée était tout de même présente, et quelques années plus tard, quelques aventuriers firent leurs bagages pour partir vers des destinations surf à l’Ouest.

Bill terminait ses années lycée lorsque son frère Mike pris un billet d’avion après avoir vu Endless Summer. Mais sa quête à lui n’avait rien à voir avec la recherche de vagues parfaites. Il avait été exposé au monde du surf depuis quelques années mais son enthousiasme pour ce sport n’avait jamais vraiment décollé. Il voyageait pour d’autres raisons.

Dérivant dans plusieurs endroits bien connus du Pacifique, son frère Mike finit par tomber amoureux d’une néozélandaise. La relation ne marcha pas, mais alors qu’il tentait de deviner sa prochaine destination il rencontra un backpacker hippie européen qui avait voyagé en Asie Centrale et atterrit en Inde. Ce hippie avait passé du temps à Goa et était tombé malade. Quelqu’un sur son chemin lui avait alors conseillé de reprendre des forces à Bali où il pourrait trouver des plages propres, de la nourriture pas cher et du soleil. A la place, le hippie opta pour la Nouvelle Zélande où il rencontre Mike, et lui révéla le secret de Bali.

En 1968, le frère de Bill atterrit donc à Bali. A cette époque, une poignée de touristes (majoritairement des hollandais) rejoignait l’île. Seulement quelques années auparavant, la situation politique avait été très tendue. On conseillait donc aux nouveaux arrivants de se cantonner au l’Intercontinental Bali Beach Hotel. Mike avait eu vent d’un autre petit secret qui allait l’amener dans le petit village de pêcheur nommé Kuta.

La légende ne mentait pas. La nourriture ne coûtait rien, les plages y étaient magnifiques et surtout vierges à part les quelques aventuriers européens qui se baladaient nus sur la plage. Mike écrivit alors à son frère :

« Bill, tu n’en croirais pas tes yeux. C’est le paradis. Le vent est offshore tous les jours et on trouve des vagues tout le long de cette plage déserte qui fait 30kms. Je n’ai pas de planche, et ils n’en louent pas ici, mais je vis sur la plage et je bodysurfe tous les jours. Je pourrais vraiment me mettre au surf dans un endroit comme celui-ci. Amène des planches quand tu me rejoins. Prend contact avec Brewer, et amènes-en autant que tu peux. Mimi s’occupera de l’excédent bagage. ».

Leur soeur aîné Mimi travaillait alors pour Trans World Airlines (ancienne compagnie américaine) et avait en effet permis à Bill de ramener plusieurs planches gratuitement. Bill prit un vol aussitôt son diplôme en poche et il découvrit que tout ce qu’on disait de ce lieu était vrai.

Bill et son frère finirent par ouvrir le premier surf camp sur la pointe Sud de Java, qu’on appelle aujourd’hui G-Land.

Pour rejoinder cet endroit, Bill empruntait une grosse moto pour rouler à travers Bali, puis prenait le ferry pour Java et continuait avec une petite moto jusqu’au village de pêcheur de Gradjagan .Au début il n’y avait de place que pour une dizaine d’amis triés sur le volet. Des surfeurs aventuriers qui pouvaient supporter de rater un ou deux repas si jamais le bateau qui amenait les vivres restait bloqué dans la passe.

Gerry et Victor Lopez d’Hawaii ainsi que Peter McCabe d’Australia firent partie des premiers invités.

La longueur et le nombre des vagues empêchaient la surpopulation des spots. Et malgré le côté individualiste du surf, Bill et ses compères comprirent qu’ils devaient former un team au line-up. Les vagues étaient très exigeantes, le bottom devait être millimétré. Les fins de journée consistaient souvent à retirer le corail du dos ou des pieds de ses amis. Ils devinrent vite à l’aise avec les points de suture, et la table de ping-pong devenait pour quelques minutes la table d’opération. Il y avait souvent un mec au line-up qui devenait sentinelle, vérifiant qu’un set plus gros que les autres n’allait pas surprendre tout le monde. Se faire prendre à l’inside signifiait qu’on allait forcément casser des leashs précieux, potentiellement des boards et passer plus de temps dans le service de soins intensifs dans la jungle.

Au bout de 5 ou 6 heures de sessions, tous étaient épuisés. Mais Bill et ses amis inventèrent un système qu’ils appelèrent « le jet assist take-off ». Si un surfeur ramait, l’un d’entre eux se mettait juste derrière lui et le poussait légèrement pour lui rajouter une petite impulsion. Mike Boyum, Don King, Jack McCoy et Art Brewer prirent des photos dans les premières années. Le monde entier finit par voir que Plengkung ou plutôt « G-Land » était une merveille du monde

Mots clés : bali, java, g-land, souvenirs, indonesie, bill, boyum | Ce contenu a été lu 6001 fois.
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