Autres - Houles cycloniques... leur formation

- @oceansurfreport -
  Lacanau, Gironde (25/12/09) - Après les houles cycloniques de cette fin de saison, petit rappel en 10 points sur la formation des cyclones, les dégâts causés et sur la houle générée par ces monstres dépressionnaires.. 1) Qu'est-ce qu'un cyclone ? Un cyclone est une dépression tropicale dans laquelle la vitesse du vent égale ou dépasse force 12 Beaufort (120 km/h ou plus). La formation des cyclones tropicaux dans l'Atlantique Nord est très aléatoire et peu évidente à prévoir. La formation de ce phénomène météorologique se situe l'été au voisinage des îles du Cap-Vert sur l'ouest des côtes africaines juste au-dessus de l'équateur. Il n'y a pas de cyclones dans l'Atlantique Sud. Trois facteurs sont nécessaires pour qu'une dépression orageuse se forme et devienne ensuite un cyclone tropical. Tout d'abord, il faut des formations orageuses sur la côte Africaine. Le deuxième facteur est la température de l'eau de l'Atlantique qui à ces latitudes doit être supérieur ou égal à 26°sur au moins 50 cm de profondeur pour qu'un ouragan se forme. Sa puissance augmente en fonction de la profondeur de l'océan . Le dernier facteur est la présence en surface d'un vent régulier sans variations rapides en force et en direction. La chronologie des évènements pour la création d'un cyclone tropical se déroule comme suit : Des formations orageuses sont présentes le long de la côte ouest africaine. Les alizés qui soufflent de juillet à septembre au secteur Nord-Est " capturent " une masse orageuse et la transportent vers la mer. Si la température de l'eau en surface est au minimum à 26°, lorsque la formation orageuse se retrouve au-dessus de la mer, elle se réchauffe rapidement; En se réchauffant, elle aspire l'air humide et chaud de surface pour créer un phénomène ascensionnel ; l'air va être de plus en plus attiré vers le haut. Cela a pour effet de faire gonfler la dépression qui à partir d'une certaine taille devient un début de cyclone ; Pour que ce cyclone naissant continue de vivre, il faut alors qu'il soit poussé par l'alizé, toujours au-dessus de la mer, vers des zones avec encore plus de vapeur humide à aspirer ; C'est cet alizé qui l'aide à se nourrir au début, tout en le propulsant vers le large; Sans l'aide d' Eole, le cyclone tournerait sur lui-même avant de s'éteindre, ayant aspiré tout l'air humide disponible ; Il faut savoir qu'un cyclone en action se déplace très lentement à une moyenne de 30 km/h, que son accroissement est sans limite tant qu'il reste au-dessus d'une mer chaude, et qu'il s'essouffle uniquement à la rencontre des terres ; Il génère des houles puissantes pouvant atteindre 500 à 1000 mètres de longueur, parfois idéales pour surfer des conditions parfaites, parfois dévastatrices pour les populations mais toujours imprévisibles pour les météorologues. 2) Quelles sont les différences entre un cyclone, un typhon et un ouragan ? En fonction de sa situation dans le monde, un cyclone tropical porte des noms différents. Dans l’Atlantique nord, l’est du Pacifique et le sud de l’océan indien, on l’appelle ouragan (le nom vient de l’espagnol « huracan » qui veut dire « esprit du mal »). Dans le pacifique ouest on l’appelle typhon. Dans le nord de l’océan indien et à proximité de l’australie, on l’appelle cyclone. 3) Quel a été le cyclone le plus dévastateur de tous les temps ? Le cyclone le plus dévastateur de tous les temps est l’ouragan Andrew qui a causé pour 26,500,000,000 $ de dégats en 1992 sur le SE de la Floride, les Bahamas et la Louisiane. Classé en catégorie 5 (vents de plus de 250km/h), sa pression était de 922hpa. Le plus intense était le typhon TIP avec une pression au centre de 870 hPa sur l'océan Pacifique Nord-Ouest, le 12 octobre 1979. Les vents moyens de surface ont été estimés à 270km/h. 4) Dans quels coins du globe se forment les cyclones ? Bien que la saison cyclonique officielle pour le bassin Atlantique soit comprise entre le 1 juin et le 30 novembre, les mois d'août, septembre et octobre comprennent : - 78% des jours de dépressions tropicales modérées, - 87% des jours de dépression tropicales fortes (catégories 1 et 2 sur l'échelle de Saffir-Simpson), - 96% des jours de cyclones (catégories 3, 4 et 5 sur l'échelle de Saffir-Simpson) (Landsea 1993). Le maximum d'activité se situe dans la première quinzaine de septembre. On peut cependant avoir des années où des cyclones se produisent " hors saison" principalement en mai ou décembre. Le bassin Pacifique Nord-Est a une période d'activité plus grande qui commence fin mai-début juin et se termine fin octobre-début novembre avec un pic d'activité fin août-début septembre. Le bassin Pacifique Nord-Ouest peut connaître des épisodes cycloniques pendant toute l'année avec un minimum notable entre février et la première quinzaine de mars. La saison principale se situe entre juillet et novembre, avec une activité maximale entre août début septembre. Le bassin du nord de l'océan Indien a un double pic d'activité en mai et novembre bien que l'on puisse voir des cyclones d'avril à décembre. Les tempêtes cycloniques (vents>33 m/s) se produisent presque exclusivement d'avril à juin et de fin septembre au début décembre. Les bassins de l'océan Indien Sud-Ouest et Australie/Océan Indien Sud-Est ont des cycles annuels très semblables avec des cyclones qui apparaissent fin octobre-début novembre et fin mai. On note cependant un double pic d'activité - à la mi-janvier, et entre mi-février et début mars. Pour le bassin Australie/Océan Indien Sud-Est la baisse d'activité de début février est plus prononcée que celle du bassin de l'océan Indien Sud-Ouest. Pour le bassin Australie/Océan Pacifique Sud-Ouest, la saison commence fin octobre début novembre, avec une activité maximale entre février et début mars, et se termine en mai. Sur l'ensemble de la planète, septembre est le mois le plus actif et mai celui où l'activité cyclonique est la plus faible. 5) Quel est ensuite leur cheminement jusqu’à nos côtes ? Les cyclones type du îles du Cap Vert sont des cyclones qui se développent sur le bassin Atlantique à proximité (moins de 1000km) des îles du Cap Vert et qui deviennent des ouragans avant d'atteindre les Caraïbes.Statistiquement, ils se forment en août et septembre, mais rarement (comme en 1995) ils peuvent apparaître fin juillet et/ou début octobre. Leur nombre varie de 0 à 5 par an avec une moyenne de 2. Certains d’entre eux (ceux qui ne finissent pas dans la mer des caraïbes ou qui ne touchent pas des côtes) remontent ensuite dans l’Atlantique Nord pour faire une grande boucle de presque 360° jusqu’à venir toucher l’Angleterre, la France ou l’Espagne. 6) Quelles sont les différences entre une dépression tropicale, un front tropical, une tempête tropicale et un cyclone ? Un front tropical est une zone de basse pression mal définie, sans forme circulaire qui généralement se déplace vers l’ouest en partant de la côte ouest africaine. On compte en moyenne 65 fronts tropicaux circulant par an sur l’Atlantique. Une dépression tropicale est une zone de basse pression circulaire et bien définie avec des vents inférieurs à 60km/h. Une tempête tropicale est une zone de basse pression circulaire et bien définie avec des vents supérieurs à 60km/h. Un cyclone est une zone de basse pression bien définie avec des vents supérieurs à 120km/h. 7) Dans quels cas ces cyclones peuvent nous offrir des vagues exceptionnelles ? Lorsqu’un cyclone de type 360° remonte dans l’Atlantique nord avec une trajectoire terminale le faisant passer sur le nord des Îles Britanniques. Si sa trajectoire le fait terminer sur nos côtes, celles des Îles Britanniques ou celles de l'Espagne, les vents à tendance sud hachent une houle longue qui devient multipics. Si sa trajectoire le fait terminer sur le nord des Îles Britanniques, la houle reste longue et bien en ligne. 8) Quelles sont les différences qualitatives entre une houle créée par une dépression traditionnelle (qui se forme sur le Nord Atlantique) et un swell issu d’une dépression tropicale ? La houle arrive plus vite à la côte, elle est donc plus puissante avec des lignes plus longues que celles générées par une dépression traditionnelle. En général, les spots de roche et/ou ceux qui tiennent la grosse houle sont en situation de "surf-alerte", les autres ont tendance à saturer. 9) Y’a-t-il un rapport entre cette recrudescence cyclonique et le fait que notre planète soit de plus en plus polluée ? Même les plus grands spécialistes ont du mal à répondre à cette question en 2004. Mais il est clair que l’activité cyclonique très forte enregistrée actuellement sur la zone des caraïbes tendrait à confirmer ce parallèle. Les deux impacts que pourrait avoir un changement climatique dû à l'augmentation des gaz à "effet de serre",sont : une élévation de la température de l'eau de mer dans les zones tropicales (indice de confiance moyen) et une augmentation des précipitations associées à un renforcement de la zone de convergence intertropicale (ITCZ) (indice de confiance faible/moyen). Partant de ces évolutions possibles, plusieurs théories concernant les cyclones tropicaux, fondées sur la circulation globale et des études modélistes théoriques, font état d'une possible augmentation : - de la fréquence - des zones d'apparition - de l'intensité moyenne - de l'intensité maximum des cyclones tropicaux. Par contre quelques études ont montré qu'il pouvait y avoir une baisse de la fréquence. Un rapport suggère même que l'augmentation du nombre et de l'intensité des cyclones tropicaux a déjà commencé, mais n'a pour l'instant pas eu de réelle incidence. Tout changement de l'activité cyclonique se traduit automatiquement par des changements de grande échelle de l'atmosphère. L'une des caractéristiques essentielles reste le possible changement de la température de l'eau de mer (SST). Mais la température de l'eau de mer par elle-même ne peut pas être dissociée de l'humidité et de la stabilité de la troposphère tropicale. Les paramètres qui, de nos jours, sont clairement identifiés comme nécessaires à la genèse et au maintien des cyclones (ex : température de l'eau de mer d'au moins 26,5°C), pourraient, dans le cas d'une augmentation mondiale du CO2, évoluer en fonction des modifications possibles de l'humidité et/ou de la stabilité. Par ailleurs, outre les variables thermodynamiques, les changements des variables dynamiques joueront un grand rôle dans les changements de l'activité cyclonique. Par exemple, l'accroissement (atténuation) du cisaillement vertical du vent, sur le bassin Nord Atlantique, pendant la saison cyclonique (dans le cas d'un doublement mondial de CO2), va conduire à une augmentation (diminution) significative de l'activité cyclonique. Autre grande inconnue, les changements dans les flux de mousson. Si la mousson devient plus active, on peut s'attendre à ce que le nombre de cyclones augmente dans les zones océaniques concernées. L'une des grandes inconnues reste la réponse d'El Niño au possible changement mondial de CO2. En effet, ce phénomène est la cause unique de la grande variabilité de l'activité cyclonique. Si la phase chaude de l'ENSO ( El Niño) devait se produire plus souvent et/ou avec plus de force, les habitants des bassins Atlantique et australien verraient moins de cyclones tropicaux. Alors que les gens vivant à Hawaï et dans le Pacifique Central Sud auraient à supporter un plus grand nombre de tempêtes. Le phénomène inverse devrait être observé si la phase froide (ou " La Nina ") devenait dominante. En conclusion, il est difficile de définir quel serait le changement global de l'activité cyclonique (fréquence, zone et intensité) dans le cas d'un doublement du taux mondial de CO2. Il se pourrait très bien que ces changements globaux soient imperceptibles, avec des régions plus actives et d'autres un peu moins. C'est certainement un des domaines de la recherche qui mérite d'être approfondi tant que des réponses concrètes n'auront pas étaient apportées. 10) Sélection des houles cycloniques de cette année : - Alex - Bonnie - Charley - La houle du Quiksilver Pro France - Les vagues du Quiksilver Pro France   Sources : www.meteo.nc www.fnmoc.com www.nhc.noaa.gov Crédits photos : www.meteo.nc www.fnmoc.com www.nhc.noaa.gov Powered by : Jeff  
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