Interview - Vincent Duvignac : "Le niveau des Français dans le domaine aérien, il est là"

Le directeur sportif des événements Red Bull Airborne en France se réjouit de l'engouement que suscite le surf aérien français, et croit dur comme fer en son avenir.

- @oceansurfreport -
©Camille Le Saux

Promouvoir le surf aérien national aux yeux du monde : c'est une lourde tâche qu'a confié Red Bull France à Vincent Duvignac en lui attribuant le rôle de directeur sportif des événements Airborne en France. Mais le Landais a saisi cette opportunité des deux mains, prenant le sujet à bras-le-corps. Nous l'avons retrouvé perché sur le remblai de la plage des Sables d'Or, les yeux rivés sur la finale masculine du Deeply Pro Anglet où Andy Crière et Vasco Ribeiro se disputaient le titre. "Duvi" s'est ainsi étendu pour Surf Report sur son nouveau rôle, les retours plus que positifs de ce contest dédié aux manœuvres innovantes et le potentiel des Frenchies à prendre le chemin airs : le surf aérien français comme terrain d'avenir.

Surf Report : D'abord, comment s'est présentée cette opportunité ?
Vincent Duvignac : Red Bull France m'avait contacté au mois de mai pour être directeur sportif sur les événements Airborne. Ensemble, on a décidé ensemble de faire des sessions "repérages" afin de permettre aux surfeurs de s'exprimer et pourquoi pas découvrir de nouveaux talents. Le but initial était d'en faire à Penhors en Bretagne, à Royan, Mimizan et Seignosse, mais une longue période de flat nous à contrait à annuler les étapes bretonne et vendéenne. Suite à ces sessions, j'ai sélectionné dix surfeurs qui sortaient du lot, auxquels j'ai ajouté six autres pros français afin d'établir un format à seize pour le Red Bull Airborne Qualifier d'Anglet. L'idée de Red Bull c'était de donner leur chance à un maximum de surfeurs, en attribuant deux wildcards pour une étape mondiale qui aura lieu en marge du Quiksilver Pro France. La première, c'est Nommé Mignot qui l'a gagné à Anglet. La seconde, elle sera délivrée à l'issue d'un contest Instagram. Les surfeurs proposeront des clips de leurs meilleurs aerials et là également j'aurai le rôle de head judge.

La première sélection de dix surfeurs a-t-elle été évidente à réaliser ?
Pour certains c'était évident, d'autres moins. J'ai fait mes propres critères de notation et dans la mesure où les Airborne Sessions étaient des compétitions "souples", je jugeais davantage le potentiel des surfeurs que la valeur finale. Si l'un d'entre eux ne rentraient pas tous ses airs mais démontrait de la créativité et de l'engagement, je le prenais en considération.

Un des (très) nombreux airs replaqués par Nommé Mignot. Gros engagement du Franco-Mexicain à Anglet.
Lesquels d'entre eux t'ont le plus impressionné à Anglet ?

Nommé Mignot pour sa finale. Il a été impressionnant de réussite, en plaquant six ou sept airs, dont certains au-delà des huit points. Pour la petite histoire, Nommé n'était pas dans ma liste de seize surfeurs au départ. Il était en alternate. Marc Lacomare était sélectionné d'office mais il s'est fait mal au dos lors d'une session à la Gravière. Nommé a pris sa place, et on n'a pas eu à le regretter !

Penses-tu qu'il peut faire quelque chose de grand à Hossegor ?
Vu ce qu'il a proposé à Anglet, clairement. À partir du moment où un surfeur est en mesure de désaxer ses airs et retomber sur le flat, c'est tout bon.

Tu souhaitais aussi miser sur la jeunesse, Sam Piter (16 ans), Justin Becret (17 ans), Issam Auptel (18 ans)...
Sam et Justin étaient sur ma liste allongée, mais ils ont fait l'effort de venir aux sessions et c'est à Seignosse qu'ils ont validé leur ticket. On sait que ce sont des gars au fort potentiel, le futur du surf français.

Vincent n'a pas eu à regretter ses choix quant à la participation de Sam Piter...
La prochaine génération s'annonce-t-elle prometteuse ?

Très prometteuse, avec Noa Dupouy notamment qui n'avait malheureusement pas l'âge de participer (il faut avoir 16 ans, n.d.l.r). On a des gars qui ont l'avenir devant eux, amenant une culture skate/snowboard à leur surf, qui arrivent à avoir une vision large de leur pratique et une technique acquise très jeune.

L'an passé sur l'épreuve Airborne du Quik Pro France, William Allioti et Maxime Huscenot ont été appelés en raison de désistements de dernière minute (dû aux forfaits de Filipe Toledo et de Mikey Wright). Maxime a même appris sa participation la veille au soir... Était-ce légitime selon toi ?
Ça a fait jaser et c'était compréhensible. Le Airborne est arrivé en France sans inviter de Français, et c'est mal passé du côté des surfeurs... Heureusement William et Maxime ont été invités, mais c'était plus un couac que de la mauvaise volonté. C'est pour ça que pour cette année Red Bull France a pris les devants en donnant leur chance aux Français.

Sous la lèvre, dans les airs, Duvi sait tout faire. Ici, dans un barrel landais.
Tu confirmes donc que les surfeurs français n'ont aucun retard ni écart de niveau...

Non c'était de l'incompréhension. Étant donné ce qu'on a vu à Anglet, c'est un sacré rappel pour le monde du surf. Le niveau des Français dans le domaine aérien, il est là. Plusieurs gars ont tenté des choses hallucinantes et les replaquaient. Même des surfeurs moins connus, je vais prendre l'exemple d'Enzo Cavallini. Dans des vagues pas tendres pour les airs, avec de grosses rampes, ça pouvait sembler intimidant de s'engager. Mais ils y allaient et n'avaient peur de rien.

La France a donc une vraie place à jouer dans le domaine des aérials ?
C'est certain.

L'aspect piscine à vagues jouera-t-il un rôle capital pour le futur du surf aérien français ?
Clairement, avec un travail régulier où l'on peut répéter les manœuvres. On n'a pas encore la technologie, mais ça va arriver, et ce sera un atout majeur pour le surf national.

Quels noms faut-il attendre à l'avenir ?
Difficile à dire, car ils se tirent tous la bourre. Mais le surf, c'est des déclics, des sensations qu'on peut vite capter. Personnellement, j'ai hâte de voir Noa Dupouy venir sur le Airborne l'année prochaine...

Noa Dupouy, prochain crack du surf aérien français ?

Photo à la une : Camille Le Saux.
 
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