Pédagogie Météo - Aurélien Bouche-Pillon : "La technologie aide mais rien ne vaut l'expérience et la volonté"

Entretien avec le surfeur français expatrié à Rochester, dans la région des Grands Lacs d'Amérique du Nord.

- @oceansurfreport -
Il a débuté le surf sur la côte basque mais consacre aujourd'hui tout son temps aux Grands Lacs d'Amérique du Nord. Après notre "Petite anatomie" consacrée au surf dans ces bassins formés à la fin de la dernière ère glaciaire, nous avons posé quelques questions à Aurélien Bouche-Pillon, une surfeur français expatrié à Rochester (Etats-Unis) depuis une dizaine d'années. Il explique les spécificités de chacun des Grands Lacs, du Supérieur au Michigan, en passant par Érié, Huron et Ontario, ainsi que le rôle et la compréhension des prévisions.

Surf Report : Aurélien, les prévisions sont-elles lisibles et les sessions facile à anticiper ?

Aurélien Bouche-Pillon : Oui et non. Il faut accorder beaucoup de temps et acquérir une réelle expérience afin de comprendre les mécanismes de chaque lac et de chaque spot. Avec la technologie moderne, de nombreux sites donnent des informations en direct sur le vent et la taille des vagues. Avec un peu de connaissances, on peut prévoir un swell avec quatre ou cinq jours d'avance, mais les choses évoluent très vite.

Quelles difficultés peut-on rencontrer ?

Les données sont parfois exagérées pour la sécurité des bateau et des nageurs en été. En hiver, comme les lacs gèlent en partie ou entièrement, les bouées sont retirées. Personnellement, avec 14 années de pratique ici, je connais mon lac (Ontario, N.D.L.R.) comme ma poche. Mais ça m'a coûté du temps, beaucoup d'énergie et je continue d'en apprendre tous les jours. Comme je le disais, la technologie aide mais rien ne vaut l'expérience et la volonté. Les lacs réservent parfois des surprises totalement imprévisibles...

Quelles sont les points communs et les différences entre les cinq lacs ?

Hormis le lac Michigan, ils ont tous en commun d'être à cheval entre le Canada et les États-Unis. Ensuite, ils sont tous très différents par leur forme, leur taille et leur profondeur. Le lac Supérieur est une véritable mer interne, connu et réputé pour sa taille, sa profondeur et son eau très claire. L'une des meilleures vagues de la région y déferle sur la côte Sud.

Et les autres ?

Le lac Michigan offre quand à lui un grand fetch et donc, beaucoup de possibilités. Le lac Huron et la baie géorgienne possèdent une forme très spéciales et abrite de très jolis spots. La particularité de la baie géorgienne, c'est de posséder des domaines skiables et des spots dans une même région. Le lac Érié, en plus d'avoir été longtemps pollué, est peu profond. De fait, il gèle facilement la plupart des hivers. L'avantage, c'est que cette absence de profondeur permet aux vagues de se former sans peine.

Aurélien.


Puis ton homespot, le lac Ontario...

Mon lac Ontario (rires) ! C'est l'explorateur parisien Etienne Brûlé qui a sans doute été le premier Européen à voir ce lac. C'est une zone riche en histoires. La rivière Saint-Laurent s'y déverse et inversement, et les gros bateaux y rentrent chaque saison. Côté surf, c'est un lac capricieux. Il est réputé pour la pêche, notamment pour ses saumons.

Lire ou relire :

Petite anatomie des Grands Lacs d'Amérique du Nord
Comment j'en suis venu à surfer les Grands Lacs
    
Mots clés : aurélien bouche-pillon, grands lacs, surf, ontario, amérique du nord, états-unis, vague, interview | Ce contenu a été lu 6983 fois.
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