Surf - Une brêve histoire de la découverte de G-Land

"Un mirage, une invraisemblance, où serait-ce la plus belle découverte de ces vingt dernières années ?"

- @oceansurfreport -

Au cours d'un show animé réalisé hier soir, Chris Cote et Pat O'Connel ont présenté le programme du World Tour 2020. Si peu de changements ont été effectués par la World Surf League, le retour d'une étape mythique, pressentie comme la révolution majeure de cette nouvelle saison, a retenu l'attention. L'escale à Keramas saute afin de laisser place à G-Land, considéré comme beaucoup (dont Kelly Slater) comme le meilleur événement de l'histoire avant sa disparition en 1997. L'occasion idéale de revenir sur sa découverte.

C'était un aller sans retour, au beau milieu de l'année 1972. Lors d'un vol qui relie Jakarta à Bali, les deux surfeurs américains Bob Laverty et Bill Boyum sont placidement installés au fond de leur siège lorsqu'il jettent un oeil par le hublot. Depuis la capitale de l'Indonésie où ils ont embarqué, ils survolent l'île de Java d'Ouest en Est. Le tableau est classique et épuré : une épaisse bande de terre colonisée par une flore luxuriante et enveloppée par l'océan Indien. Quand l'avion plane au-dessus de la partie orientale de l'île où règne la faune au cœur du parc national d'Alas Purwo, à l'extrême sud-est de l'île, un élément retient leur attention : d'épaisses lignes d'écume se hâtent le long d'une pointe rocheuse, engageant ainsi le sens de leur déferlement vers la gauche et ce, sur des centaines de mètres.

Advienne que pourra

Bali, 1972.
Ce qu'il viennent d'apercevoir à travers la mince ouverture de leur avion est-il un mirage, une invraisemblance, où serait-ce la plus belle découverte de ces vingt dernières années ? Les deux hommes souhaitent voir le phénomène de leurs propres yeux. À peine débarqués de l'avion, ils remplissent leurs sacs de provisions, tracent un itinéraire à main levée sur de vieilles cartes et chevauchent deux Suzuki 80 montés sur des gros pneus pour rejoindre le village de pêcheurs de Grajagan, et lever le voile sur ce mystère. Bill et Bob montent ensuite à bord d'un ferry dans l'optique d'explorer la baie en longer le rivage qui tourne le dos à une forêt dense. L'histoire raconte qu'après un long périple où les compagnons de voyage étaient sur le point d'abandonner, ils furent enfin les témoins oculaires d'une des vagues les plus parfaites au monde.

À jamais les premiers

Tout sauf un mirage.
Bill et Bob auraient ainsi passés trois jours complets à surfer seuls des vagues divines de six à huit pieds, en campant sur la plage près de la jungle. Contraints de quitter les lieux, faute de provisions, les deux hommes regagnent le village avec des sentiments partagés : la frustration de devoir délaisser G-Land et l'euphorie d'avoir découvert un joyau. Ce sera la première et la dernière fois que Bob Laverty verra le point-break indonésien de ses propres yeux, puisqu'il se noiera quelques jours plus tard à Uluwatu, comme l'explique William Finnegan dans son ouvrage Barbarian Days (page 249 de l'édition originale). Avec la satisfaction d'avoir été l'un des premiers témoins privilégiés de ce qui reste encore aujourd'hui l'un des reef-breaks qui fournit les meilleurs barrels au monde.

>> Photo à la une : William Finnegan, Grajagan, 1979.

       
Mots clés : grajagan, g-land, indonésie, java, world tour | Ce contenu a été lu 20211 fois.
Envoyez-nous vos photos, vidéos, actualités à l'adresse suivante
contact@surf-report.com
Articles relatifs