Bodyboard - Bretagne : l'Annaëlle Challenge renaît de ses cendres

Là-bas, sur un îlot inhabité situé au large du Finistère Nord.

- @oceansurfreport -

Il paraît que les légendes ne meurent jamais. Alors en Bretagne, théâtre de contes et de mythes où la frontière entre le réel et l'imaginaire est mince, encore moins. Cela faisait des années qu'ils attendaient ce moment. Cela faisait quatre ans, en fait. "Il y avait une grosse attente de la part de tout le monde, raconte Gwen Renambot, inventeur de l'Annaëlle Challenge avec Yves-Marie Lefourn. "Moi je m'y attendais, mais il fallait attendre d'avoir officiellement le feu vert."

Le feu vert, c'est cette autorisation du Conservatoire du littoral. Récent acquéreur de l'île finistérienne où se tient cette compétition de bodyboard pas comme les autres, l'établissement public français qui achète des espaces situés sur les plus beaux rivages pour les protéger songe à délivrer le précieux sésame à l'organisation au début de l'année 2020. Mais la pandémie de Covid-19 retarde l'échéance. Au début du mois d'octobre, les dés sont jetés : après six ans d'absence, l'Annaëlle Challenge, sa longue waiting period et son slab mystique situé sur un îlot inhabité à 400m du Finistère Nord, reverront le jour à l'automne 2021.

Alex Uranga.

Une délivrance

"Selon moi, c'est la meilleure compétition de bodyboard que la France n'a jamais eue. D'une part pour la qualité de la vague et aussi parce qu'elle renoue avec l'esprit originel de notre pratique", commente Sébastien Vaïsse, ex-rédacteur en chef de Bodyboard Mag. Un état d'esprit et une valse logistique qui ont séduit Jérémy Arnoux, vainqueur à deux reprises (2013 et 2014) : "C'est un événement qu'on regrettait, peut-être le seul vraiment médiatisé en France et qui offre le meilleur potentiel aux compétiteurs. Et puis pour l'ambiance, l'intensité, le stress... Il n'y a rien de mieux pour le bodyboard." Tout comme le double champion du monde Pierre-Louis Costes : "C'est une excellente nouvelle pour la Bretagne et la communauté bodyboard en France. Je ferai tout pour être présent lors de ce grand retour car j'adore l'atmosphère que dégage cette compétition."

L'Annaëlle Challenge, géré par l'association FBA (France Bodyboarding), est une épreuve élémentaire qui se dispute au bout du monde : le Finistère. Pour s'y rendre, il faut d'abord négocier avec un réveil matinal et brutal, embarquer de nuit dans un bateau qui mène au spot et poser ses bagages, le temps d'une journée, sur une île qui n'a rien de l'atoll maldivien. Pour s'y imposer, comme Jérémy, Pierre-Louis Costes ou Alex Uranga, il faut déjà avoir le courage d'aller au pic, puis tenter de comprendre la mécanique d'Annaëlle, cette onde difforme découverte peu après les années 2000, qui explose à même la roche de manière succincte et ultra-puissante. "Annaëlle, c'est une vague courte et très intense. Pour la prendre, il faut être patient et bien placé au take-off", commente Jérémy Arnoux.

Jérémy Arnoux

Un côté mystique

Mais ce qui donne un caractère légendaire et mémorable à cet événement, c'est aussi son histoire. Parcourir la chronologie de cette compétition au coeur de l'automne, c'est revisiter la légende arthurienne. Rendre hommage, avant toute chose, au regretté Nicolas "Roucas" Kérébel, représentant du bodyboard breton durant plusieurs années, qui fût le premier à avoir rêvé d'un contest à la renommée continentale, voire internationale, sur un slab du Finistère Nord.

Quelques années après son décès tragique, Gwen reprit le flambeau, faisant de ce projet avorté une idée concrète, puis une priorité. Et quand il fallut décider d'un spot, le druide de Porspoder s'est instinctivement tourné vers cet outside reef qu'il apercevait plus jeune depuis le velux de sa chambre. "On avait à peine 15 ans avec ''Maz'' (Yves-Marie Le Fourn), on l'observait déjà aux jumelles. Elle nous fascinait mais on la jugeait insurfable", déclarait Gwen dans un ancien numéro de Bodyboard Mag. Aujourd'hui, Pierre-Louis Costes la considère comme la vague la plus creuse qu'il ait jamais surfé en France.

Vierge.

Un symbole du retour à la vie

Le retour de l'événement notamment sponsorisé par "Le Paté Hénaff", en négociation avec le Tour Mondial IBC pour acquérir le statut de "Special Event", ravit les fidèles et apporte un nouveau souffle au bodyboard tricolore. "Pour plusieurs raisons, on n'a pas réussi à exploiter le bodyboard et son aspect compétitif à sa juste valeur en France. L'Annaëlle Challenge, par sa médiatisation ainsi que son côté mystique et son ambiance familiale, a répondu aux besoins de la discipline", témoigne Sébastien.

La prochaine édition s'annonce déjà fantastique. Gwen, qui année après année a garni son carnet d'adresses, compte bien faire découvrir le Finistère Nord à des grands noms du bodyboard. L'organisation prévoit également de retransmettre l'événement en live, pour satisfaire un public qui n'a pas l'autorisation d'accéder à l'île qui se situe en zone Natura 2000. Et surtout permettre au monde entier de suivre l'événement en direct. En Bretagne comme ailleurs, on attend ça avec impatience.


Plus d'informations à venir sur www.annaellechallenge.bzh, prochainement en ligne.

Photo à la une : Yann Salaun par Laurent Bourdier/Annaëlle Challenge         
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