20 143, c'est le nombre de signatures qu'a pour l'instant recueilli la pétition qui s'oppose à la construction d'un surf park à Castets dans les Landes. Le collectif d'associations à l'origine de cette démarche tente de faire entendre raison à Philippe Mouhel, le maire de la ville landaise, qui soutient le projet.
La société Wavelandes oeuvre depuis plusieurs années maintenant pour la création d'une piscine à vagues à 20 kilomètres de l'océan. Les acteurs qui s'y opposent font entrer ce projet dans la catégorie des Grands Projets Inutiles et Imposés (GPII), qui désigne des infrastructures dont la réalisation suscite réticences et oppositions auprès des populations locales. Les coûts et les impacts environnementaux de ces projets d'aménagement sont jugés indécents, comme c'est le cas ici. Les opposants au projet landais reprochent notamment à ses initiateurs l'absence de concertation locale.
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Depuis 2018, année où le projet a vu le jour, ce dernier fait débat. Selon Wavelandes, le projet de surf park est éco-responsable et soucieux de l'environnement. Il suffit de se rendre sur leur site internet pour lire que le parc fonctionnera entièrement à l'énergie verte et que bon nombre de constructions seront réalisées en bois. Une politique zéro-plastique ainsi que le recyclage des déchets organiques entreront en vigueur sitôt que le parc ouvrira ses portes.
Le respect de l'environnement et de la nature figurent parmi les valeurs mises en avant par la société. Ce projet est l'occasion, toujours selon Wavelandes, de s'investir dans plusieurs missions : permettre l'accès à des vagues parfaites toute l'année, rendre accessible le surf à tous, apporter un complément à l'entraînement des surfeurs de haut niveau, sauvegarder le littoral, les plages et les dunes landaises, vivre une expérience en pleine nature au coeur de la forêt...
La vision du collectif d'associations qui s'oppose au projet est aux antipodes de ce qu'affirme Wavelandes : « Ce projet, qui a toutes les caractéristiques d'un Grand Projet Inutile et Imposé, est complètement anachronique et indécent au regard des enjeux actuels du changement climatique et de l'effondrement de la biodiversité » écrivent-ils.
Les 17 associations et collectifs qui se sont mobilisés pour l'abandon du projet ne sont pas les seuls à le dire. De nombreux scientifiques et climatologues l'affirment, il est urgent de diminuer la pression que l'activité humaine exerce sur l'environnement et les écosystèmes ainsi que la pollution liée aux gaz à effet de serre. Or l'activité d'une piscine à vagues, à en croire la consommation d'eau et d'électricité qu'elle génère ainsi que la bétonnisation des sols qu'elle nécessite, semble aller à l'encontre de ces nécessités selon les chiffres du collectif.
À l'heure actuelle, les prises de conscience autour de l'urgence climatique et d'un nécessaire changement de nos modes de vie se précisent sans cesse. Il est vital pour la planète que nous changions nos modes de consommation et que nous réévaluions nos besoins, bien moindres que ce que nos modes de vie veulent nous faire croire. Une question concrète se pose donc pour les locaux : a-t-on réellement besoin d'une piscine à vagues dans les Landes ?
Les opposants au projet eux, ont déjà la réponse, et elle est négative. Ils appellent alors au scandale écologique. La construction du surf park entraînera en effet selon eux la destruction d'une vingtaine d'hectares de forêt ainsi que l'imperméabilisation et l'artificialisation du terrain qui l'accueillera. Un autre fait alarmant a été mis en avant par le collectif d'opposition : à 500 mètres de là se trouvent trois sites SEVESO, classés zones à risque d'accidents majeurs. Et à 100 mètres seulement se trouve une zone Natura 2000.
Le collectif associatif est donc clair : le parc sera à l'origine d'une perturbation élevée du territoire. Une fois effective, l'infrastructure consommera 300 000 m3 d'eau potable par an, ainsi que deux fois plus d'électricité que la commune de Castets dans son ensemble (toujours selon les chiffres du collectif opposant).
En plus d'être un "scandale écologique" ces opposants jugent le surf pratiqué dans ce cadre bien trop élitiste d'un point de vue financier. Sans compter que cette installation entraînerait la "création d'emplois précaires". Ils soulignent également que les autres projets similaires qui devaient voir le jour en France ont finalement été abandonnés par les maires des communes concernées : Lacanau, Saint-Jean de Luz, Sevran, Magescq...
Le collectif n'est pas le seul à dénoncer le projet landais. La Région Nouvelle-Aquitaine ainsi que la Fédération Française de surf ne soutiennent pas le projet pour raisons environnementales.
Par ailleurs, le projet est porté et soutenu entre autres par les voix des surfeurs landais Joan Duru et Maud Le Car. Le champion du monde ISA 2021 et sa compagne se sont exprimés à ce sujet :
Joan : “Je suis super content, Wavelandes est le premier centre sportif d'apprentissage et d'entraînement dédié au surf, cela va énormément aider les athlètes à faire progresser le surf français.“
Maud : « C'est une super opportunité pour le surf français mais aussi pour tous les surfeurs de France et de la région. Par rapport aux autres pays ce serait un désavantage que la France n'ai pas de piscine à vagues. Pour progresser ça m'a vraiment permis d'essayer des manoeuvres que j'aurais peut-être mis un an ou deux à faire dans l'océan (...) De passer des caps super rapidement. » La surfeuse affirme ainsi que les piscines à vagues sont primordiales pour les génération futures et tout particulièrement pour le surf féminin qui, grâce à l'essor de ces infrastructures, performent de plus en plus.
S'il est évident que ce genre d'infrastructures permet aux surfeurs de haut niveau de travailler leur technique, leur performance et de répéter sans cesse une même manoeuvre sur des vagues identiques, est-ce que le reste du monde a réellement besoin de cela ? Est-ce que les surfeurs amateurs ont besoin de pouvoir surfer tous les jours de l'année si les conditions océaniques ne le permettent pas ? Ailleurs qu'en France (en Suisse par exemple) les athlètes peuvent déjà s'entraîner dans ce genre de piscines.
Il y a de quoi se demander si un tel projet ne tranche pas avec l'essence même du surf. Se lever aux aurores, aller voir les vagues, vivre des périodes d'accalmie au cours desquelles il est impossible de surfer... Ce sont des choses indissociables de la pratique. L'océan est un élément en mouvement, totalement imprévisible et dont le surfeur dépend. C'est d'ailleurs cette dimension d'imprévisible qui rend certaines sessions inoubliables et en fait parfois des moments historiques qui peuvent marquer toute une décennie. Dans sa démarche, Wavelandes affirme de son côté respecter l'esprit du surf. Libre à chacun de se faire sa propre opinion.
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