Voyages - On part où ? Destination l'île de Guadeloupe

Bahia Frediani et Thomas Debierre sont les "local heroes" de ce guide !

- @oceansurfreport -
©Simon Levalois-Bazer

Avec la rubrique Surf-Report Voyage, retrouvez tous les mois un article dédié au voyage et à la culture du trip ! 

Ça y est, les beaux jours reviennent et cela implique aussi des pics remplis à parfois ne plus pouvoir prendre une vague tranquille. Si vous souhaitez partir loin de ce tumulte français, dans un endroit où il fait bon vivre et où ce n'est pas la pleine saison (parce que c'est actuellement  la saison hivernale sur place) alors peut-être que l'île de Guadeloupe sera faite pour vous. Un classique ? Peut-être pour certains, mais pour la plupart, l'île des Caraïbes pourrait encore vous surprendre.

Au milieu de l'Atlantique, la Guadeloupe était destinée à être une terre de surf unique. Elle capte facilement les houles qui se forment au milieu de cet océan connu comme étant le plus tempêtueux du monde. Les mouvements de marées y sont faibles, ce qui augmente les durées des créneaux de surf. Avec 260km de côte, il y a de la place pour tout le monde mais tout de même (et comme partout) quelques règles à respecter et quelques choses à savoir.

L'île est composée de deux îles principales, reliées par deux ponts entre elles. Cette configuration offre un éventail de spots et de possibilités important pour le surf. Quelque soient les conditions, il est possible d'y surfer. Même en saison hivernale, le shortboard/maillot est de mise. Si le e surf n'est pas ultra-développé sur place,  le comité surf Guadeloupe organise tout de même quelques compétitions locales. "C'est important pour les nouvelles générations" affirme Thomas Debierre, lui-même passé par là et aujourd'hui surfeur du circuit QS européen. 

Dans cette idée, la Guadeloupe ne compte pas beaucoup de shops ou autre infrastructures liées au surf. Mais rien de cela n'empêche les surfeurs locaux de progresser. Il y a du gros, gros niveau à l'eau. Plusieurs représentant d'une génération proche de la vingtaine participent aux circuits WSL, tandis que les plus jeunes commencent à casser le spot. Pour ce guide, nous avons échangé avec deux d'entre eux. 

Bahia Frediani 

Bahia, 21 ans, est Guadeloupéenne et surfeuse professionnelle. Elle parcoure l'Europe sur le circuit Qualifyins Series. En saison, lorsque les compétitions sont à l'arrêt, elle enfile la casquette de monitrice de surf pour financer sa carrière. C'est son père qui lui a transmis le virus surf à l'âge de 3 ans lorsqu'ils vivaient encore en Martinique, d'où ils ont déménagé à ses 5 ans. La surfeuse s'est définitivement mise au surf à 12 ans, mettant la gym de coté. Elle se lancera dans les compétitions locales un an après, puis intègrera rapidement le pôle espoir de Guadeloupe. Dans son palmarès on compte un titre de championne de France Junior en 2019, décerné à la Pointe de la Torche où elle a fait une finale lors du Pro Junior de 2018. La même année, elle participait au mondiaux ISA avec l'équipe de France. Cette saison, elle a aussi marqué un quart de finale lors de la compétition QS de Caparica. 

Thomas Debierre 

Thomas, 22 ans, s'est installé depuis quelques années dans les Landes. Le Guadeloupéen a grandi au Moule, puis a rejoint le continent à ses 18 ans pour simplifier les déplacements sur les competitions en Europe et l'étranger, mais aussi pour se rapprocher des opportunités de sponsoring et pouvoir s'entrainer avec les coachs de la Fédération Française de surf. Pour lui qui surfe depuis 20 ans, tout a commencé avec ses parents, en tandem à la plage du Helleux (entre Saint-Anne et Saint-François) et au Souffleur (Port-Louis). Le surfeur a été couronné champion du monde junior en 2016 avec l'équipe de France en individuel et par équipe et champion d'Europe en 2018. Il détient également 3 titres de champion de France junior, deux titre de vice-champion open. L'année passée, il s'est classé dans le top 11 européen du circuit QS.

Infos pratiques

La Guadeloupe est un territoire sous l'égide de la République Française, ce qui simplifie nombre de procédures avant le départ, à la frontière et une fois sur place. 

Monnaie : Euro

Langue : Français et Créole

Durée de vol : 10 heures sans escale et 15 heures avec (en moyenne) au départ de Paris 

Document obligatoires : Idéalement un passeport, mais une carte d'identité en cours de validité suffira. 

Aucune vaccination particulière n'est recommandée pour se rendre sur l'île.     


Quand partir 

La meilleure période de swell idéale est d'octobre à mars, où l'on peut trouver des vagues allant de 60cm à 3m. Ne soyez pas surpris : l'île est réputée pour être ventée. Le vent s'oriente bien souvent onshore, mais jamais trop au point de détruire une session.

En mai - juin puis en septembre - octobre, des vent sud-est (offshore pour la partie nord de l'île), soufflent plus fréquemment que le reste de l'année.

Juin à octobre marque la période durant laquelle les grosses entrées de houles sont les plus fréquentes. C'est l'occasion de surfer les spots côté mer des Caraïbes. Ces houles sont le plus souvent des houles dites de vents, et non de lames de fonds (lesquelles sont plus puissantes). Même en saison hivernale, les gros grains se font rares sur la côte de Grande-Terre et se concentrent plus dans les hauteurs. Malgré tout le taux d'humidité dans l'air ambiant est bien plus élevé qu'en métropole. Sur place il est d'autant plus important de juin à novembre


Les spots en Guadeloupe

L'avantage des îles c'est qu'on y trouve toutes les orientations de côte possible. Les houles sont habituellement orientées Est ou Nord-Est, la façade Est de l'île sera donc la plus exposée de manière générale. Dans cette logique, c'est sur Grande-Terre qu'on trouvera le plus de spots de surf. Le nom de Le Moule vous est peut être familier et c'est bien normal : cette petite anse abrite le spot le plus accessible de l'île : Damencourt. Les dangers y sont moindres et il s'agit aussi du spot où les locaux ont le plus de chance de surfer durant l'année. Le fond est composé d'un joli reef de roche calcaire/corail, comme pour la très grande majorité des vagues de la côté. La différence ici c'est que du sable le recouvre partiellement, ce qui limite le risque de se blesser en chutant sur la gauche. Attention tout de même, le fond n'est pas bien loin.

Parmi les autres spots accessibles et très fréquentés on pourra nommer Port-Louis, plage du Souffleur. Il s'agit d'un grand plateau avec plein de vagues différentes mais surtout de longues droites. Dans le même genre, le spot d'Anse Bertrand est un favori car il n'implique pas de risque lors de la mise à l'eau, pour accéder à une jolie gauche pour tous les niveaux. La plage du Helleux, où Thomas a appris le surf avec son papa, est parfaite pour les petits et les débutants. 

Lorsque c'est un peu gros sur la plupart des spots, Port Louis et Anse Bertrand offriront des vagues plus petites et plus abordables. 

Plus à l'Est, le homespot de Bahia n'est autre que Anse Salabouelle, surnommé Salabouelle. C'est là qu'elle s'entraine tout l'hiver et qu'elle a appris à surfer, ce qui en fait tout naturellement son spot préféré. On y trouve des droites et des gauches, rendant le spot assez complet. La droite (pas très puissante) est accessible à tous les surfeurs et surfeuses d'un niveau intermédiaire, avec un shortboard ou en fish rétro. En revanche de gros bowls se forment sur la gauche, offrant ainsi des sections à airs et des barrels pour les plus expérimentés.


Se loger

L'endroit le plus stratégique pour dormir reste de loin la zone de Le Moule dans un rayon de 20 km le long de la côte. La commune s'étend de l'Anse Marguerite plus au Nord à l'Anse Gros Merne plus au Sud. Pour traverser Grande Terre du spot de l'Hotel Novotel au Moule, il faut 45 minutes de route. Pour ceux qui préféreront les hotels, la majorité d'entre eux se situe sur la partie Sud, près Saint-François et Saint-Anne. 

Quel matos choisir ?

Thomas surfe principalement deux modèles en Guadeloupe. Depuis 5 ans, il surfe les planches que son shapeur Johan (Clean Cut) lui prépare. Pour les bonnes vagues il privilégie la C2A (un bon rocker) et le modèle appelé M (squash tail, large à l'avant, plus facile à la rame) pour les plus petites vagues. Les possibilités restent cependant infinies, que ce soit longboard, twin rétro ou single fin, vous trouverez les vagues adaptées à votre matos. Pour les plus débutants, il est possible de louer des planches adaptées sur place, dont des planches en mousse.

Modèles utilisés par Thomas
La vibe au lineup 

Depuis toujours la vie des locaux est tournée vers l'océan, un milieu qu'ils respectent donc culturellement. Chaque voyageur, comme partout, se devra d'en faire de même. Logiquement, la vibe à l'eau dépendra en partie de l'état d'esprit dans lequel arrive le surfeur en visite : s'il est respectueux tout se passera pour le mieux ! Tout commence avec un bonjour en arrivant à l'eau.

Sur des spots inconnus, il est important de se renseigner sur le niveau demandé par la vague et de ne se rendre que sur les lieux où votre niveau vous permet de rester en sécurité et de ne pas représenter un danger pour les autres. Le respect des locaux, des règles de sécurité et de priorité vous assureront une session sans encombre. Les surfeurs guadeloupéens ne sont pas irrités par les touristes, à partir du moment où ces conditions de savoir-vivre sont respectées. 

Des dangers spécifiques à l'eau ?

Nous évoquions plus haut les risques de blessures sur les reefs, mais ce ne sont pas les seuls risques qui existent en surfant sur l'île. Des courants parfois importants peuvent se former lors de grosses conditions, un élément à garder à l'esprit. Aussi, des oursins ornent également les fonds à nombre d'endroits. En cas de piqure, des rougeurs, gonflements ou engourdissements peuvent survenir. Il faut alors vérifier qu'il ne reste pas de petits morceaux d'épines dans la chère, puis nettoyer à l'eau douce voir savonneuse et enfin bien désinfecter la plaie. La priorité en cas de blessure est toujours de lutter contre une possible infection et en cas de doute de se tourner vers un médecin. 


Que faire les jours de flat ?

En cas de flat pas de panique, l'île regorge d'autres activités à explorer ! La région est aussi un véritable paradis pour les amateurs de voile, de plongée, de chasse sous-marine, de randonnées... Dans les endroits conseillés par Thomas, on retrouve :

- La Grande Soufrière. 

- La Pointe des Châteaux.

- Le Grand Cul-de-sac marin.

- Les brasseries locales, les usines de fabrication de rhum.

- Les marchés locaux chaque semaine. 

Les îles aux alentours sont aussi une option selon le local,  "ça fait bouger de la Guadeloupe sans aller trop loin: Les Saintes, Marie-Galante, La Désirade, Petite-Terre. 

Côté culinaire, Thomas considère quelques plats locaux comme incontournables, dont le fricassée de chatrou, le Colombo de cabri et le Bokit.    

Si on surfe moins sur la seconde île plus au Sud-Ouest, on y trouve en revanche les plus belles balades, avec davantage de rivières que sur l'île Nord. Que ce soit le long de la côte, dans la forêt ou sur les pentes du volcan la Grande Soufrière, vous en prendrez plein les yeux.  

Vous pouvez également vous diriger vers l'un des nombreux clubs de plongée sous-marine pour y effectuer un baptême ou pour explorer de nouveaux fonds pour les expérimentés. Si vous n'êtes pas des plus à l'aise sous l'eau et que les hauteurs ne vous attirent pas,tournez-vous vers les petits marchés à visiter ainsi que les ports de plaisance où connecter avec un voilier et son capitaine pour un tour de l'île. Enfin, entre les deux îles se trouvent des marécages où la mangrove s'est développée pendant toutes ces années. Une grande biodiversité à explorer !                                     
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