Voyages - On part où ? Destination le Maroc, de Rabat à Casablanca

Zineb Tebbai vous parle du surf local !

- @oceansurfreport -

Avec la rubrique Surf-Report Voyage, retrouvez tous les mois un article dédié au voyage et à la culture du trip ! 

La destination n'est pas inconnue de ceux qui prennent le large dès que les premières températures plus fraîches se font sentir. Direction le Maroc, et plus particulièrement un portion de côte moins connue, plus au Nord du pays, entre Rabat et Casablanca. 

Après la Guadeloupe, on reste dans l'Océan Atlantique, mais cette fois de l'autre côté. Les spots qui s'étendent de Rabat à Casablanca sont nombreux. On y trouve de nombreuses petites pointes ou des digues construites par l'Homme sur ces 188km (de Rabat au Nord à El Jadid au Sud de Casablanca). En s'éloignant des sentiers battus et rebattus par les surfeurs du monde entier plus au Sud, les vagues au Nord du Maroc ont aussi du potentiel ! Au pays des droites, surnom obtenu avec la renommée des spots comme Imsouane et Anchor Point, cette région fait office d'exception car elle regorge également de gauches. De plus, la construction d'une grande autoroute entre Tanger et Rabat fait gagner en accessibilité, pour visiter les endroits moins connus situés entre les deux. Une grande partie de la côte est constituée de plages de sable fin.

Ces spots sont visités par des étrangers depuis les années 60 : des Américains en quête de paix alors que leur pays envoyait ses jeunes faire la guerre au Vietnam, des profils quelque peu hippies venus avec leur van se poser devant les spots de la région et surfer tous les jours. Des Français, des Anglais, des Australiens. Et si la région plait autant, c'est bien parce que ses vagues en valent la peine.

La gauche de Dar Bouzza
Zineb Tebbai

C'est d'ici que vit Zineb Tebbai, qui sera notre guide pour cette destination. Avant de se consacrer au bodyboard, Zineb a commencé à surfer sur une planche de surf à l'âge de 15 ans, sur un mini malibu offert par son frère. Ses premières vagues, elle les a donc prises à Casablanca. À l'époque, elle devait se débrouiller pour rejoindre les spots seule et bien des taxis ont refusé de la prendre avec sa planche. L'une des raisons qui l'a poussée à réduire le format de son matériel pour passer au bodyboard, en 1998. Par la suite, Zineb a été sacrée championne du Maroc en 2008 et a participé à de nombreuses compétitions internationales.

Aujourd'hui, elle partage sa passion avec son mari, bodyboardeur lui aussi avec un certain palmarès. Le couple a consacré sa vie au surf, en montant la première école de bodyboard du pays, avant d'élargir son offre au surf pour répondre à une importante demande. En parallèle, Zineb s'est spécialisée dans la posturo préparation physique pour grand public, "c'est du sport santé" dit-elle, tandis qu'elle entraine aussi des athlètes sur leur préparation physique. Ses nièces Lillias et Ines Tebbai, surfeuses marocaines dont le portrait est à découvrir dans le dossier "Maroc au féminin" à lire dans le dernier Surfeuses Magazine, ont été de ces athlètes dans leurs débuts.

Zineb, sa fille et son mari.
Infos pratiques

Pour se rendre sur place, les choses sont plutôt simples. Rabat et Casablanca sont deux grandes villes, avec chacune un aéroport et tous les services qu'il faut à commencer par les sociétés de location de véhicules. Ces derniers sont indispensables pour se déplacer sur place, le réseau de transports en commun se montrant trop lent et limitant pour un surf trip. La majorité des panneaux sont à la fois en Arabe et en Français. Comme ailleurs au Maroc, beaucoup de marocains parlent le français et la barrière de la langue n'est pas réellement de mise. 

Pour les slow travellers, il est aussi possible de rejoindre le Maroc en voiture, en prenant un ferry entre Gibraltar et Tanger. 

Monnaie : Dirham (1 = 0,091€)

Capitale : Rabat (Casablanca est la capitale économique)

Langue : Arabe et Français

Durée de vol : 3 heures sans escale au départ de Paris 

Document obligatoires : Passeport en cours de validité.  

Vaccination recommandée : aucune vaccination n'est obligatoire, il est recommandé d'être à jour sur l'Hépatite A et B, éventuellement la fièvre typhoïde et la méningite.

Quand partir ? 

La meilleure période de swell s'étend de septembre à mars. Depuis 4-5 ans, le vent appelé chergui qui arrive habituellement en mai, frappe désormais la côte dès le mois d'avril. Ce dernier est à éviter si vous ne voulez pas surfer toutes vos sessions dans un plan d'eau dégradé !

L'orientation Nord-ouest de cette portion de côte en fait une zone avec plus de régularité que le Sud en été, malgré les vents onshore. Les conditions seront praticables tout au long de l'été, certes, mais ces vents du Nord soufflent 40% de la journée minimum. La zone est en revanche moins sujette au vent que celle d'Agadir et ce toute l'année. En hiver, les alizés sont majoritairement side et offshore, légères à moyennes, et ne pourrissent donc pas les sessions. 

Concernant les températures, vous aurez toujours plus chaud qu'en France ! Une bonne 3/2, un shorty pour les moins frileux ou une 4/3 pour surfer des heures durant sont recommandées. Au niveau des températures extérieures, les nuits restent fraiches et il faut tout de même prévoir de quoi se couvrir légèrement pour la journée (les 20°C annoncés peuvent parfois se montrer plus frais et un pull ne sera jamais de trop). 



Les spots de Rabat à Casablanca

La gauche de La Bobine, formée sur une pointe rocheuse, est parfaite pour l'apprentissage. Plus au Sud, vous trouverez à Jack Beach le homespot de Zineb, où se trouve son école. Dès qu'il y a de la houle, il n'y a plus personne à l'eau mais quand c'est trop petit ailleurs, la plage reste une bonne option avec son beachbreak punchy, en faisant au passage un bon site de compétition. Sur la grande plage de Jack Beach on pourra aussi citer Itox, un pic différent à 500m au Sud. 

Sur la route de Salé se trouve la Plage des Nations, avec un multitude de bancs de sable puissants au cœur d'une station balnéaire. Le principal danger sur place sont les forts courants. Dans le genre récifs sensibles à la houle, Kbeir est l'exemple parfait. C'est un petit reef entre Rabat et Salé, avec une belle gauche courte, mais peu profonde et un peu tendue. C'est dans cette zone que se concentre la plus grande densité de surfeurs locaux.

Le seul désavantage que l'on pourrait relever sur la région, c'est l'orientation uniquement Nord-Ouest des plages. Sur le papier, si une houle de tempête se rapproche et que les spots saturent, vous allez manquer d'options de replis. Malgré tout, certaines pointes protègent plus que d'autres et permettent de surfer même si c'est trop gros sur les spots habituels. Doura en est l'exemple parfait : la vague se forme entre les deux digues du port de Rabat lorsque la houle est trop importante. Un temps comparée à Kirra, elle a perdu de sa beauté à cause d'un dragage du sable, mais elle n'en reste pas moins surfable ! Medihya Plage, près de la base militaire de Kenitra, cache aussi une droite abritée par grosse houle et marée haute, qui déferle à côté de la grande jetée au sud d'Oued Sebou

Près de Tamara se trouve la petite gauche de Skhirat qui marche mieux à marée basse, située au large d'une des nombreuses jetées, tandis que le beachbreak adjacent offre une alternative lorsqu'il il y a trop de monde. 

Le spot plus connu de Dar Bouazza est probablement le meilleur pointbreak en gauche du coin, si ce n'est du Maroc. Il s'agit d'une vague longue pour enchaîner des manœuvres, sur laquelle il y a suffisamment d'espace pour des cutbacks et tous les autres turns. Elle possède deux sections principales qui fonctionnent assez régulièrement. Mrissa aussi appelé Petit Port, est la partie de plage située à l'extrême Sud près du port. Zineb déconseille ce spot, même si c'est un bon repli en cas de tempête, car il est pollué, sans compter que la vague y est plutôt molle.

Avec Dar BouazzaOued Cherrat fait partie de ces spots mythiques de la région. C'est le spot le plus régulier tout au long de l'année car il est abrité des vents d'Ouest. Il est aussi très prisé des bodyboardeurs. Hors saison, vous éviterez la période où les parkings deviennent payants.



Au Nord, il y a de longues droites solides à marée basse le long de la pointe qui donne sur le joli village de pêcheurs de Bouznika. La vague se trouve dans une baie abritée, à l'abri des vents du Nord-Ouest. Attention à la section rocheuse appelée "table" et aux oursins.

Casablanca, la capitale financière, regorge de plages comme Zeneta ou Monica, où est une droite idéale pour les bodyboardeurs mais aussi pour les bons surfeurs, intense mais courte, se forme. La plage voisine dans la ville d'Ain Diab porte un drôle de nom mais n'a rien à envier aux autres :  23 est connue et appréciée pour sa régularité. La vague a d'ailleurs accueilli les championnats d'Europe de bodyboard en mai 2002 et juin 2003. 

Malgré que Mohammedia soit plus connue pour les nombreuses cheminées de ses raffineries de pétrole, le spot reste une très bonne option. Le Pont Blondin offre parfois des droites creuses mais risquées parce qu'elles jettent sur des rochers peu profonds. De l'autre côté de la baie, aux Sablettes, les gauches fonctionnent beaucoup plus régulièrement et sont adaptées aux débutants.

Les spots les plus fréquentés sont probablement Dar Bouazza et Jack Beach, pour leur accessibilité.

Se loger   

Il y a bien des hôtels dans la régions, pas très chers et confortables. Mais ce que Zineb recommande c'est de trouver un gîte, et de se faire accueillir par des locaux, chez eux, pour être le plus immergé possible et découvrir la vie à la marocaine. Les meilleurs guides sont ceux qui vivent là et en cas de pépin, vous serez content d'avoir un interlocuteur qui parle l'Arabe. Il y a très peu de surf camp dans la région. 

Casablanca

Quel matos choisir ?

Pour le matos, tout dépend de vos envies, mais plusieurs options sont possibles. Les vagues ne se limitent pas à la pratique du longboard ou du shortboard. On vous conseille donc de miser sur un plus grand boardbag car on peut tout faire dans la région. Un roundtail et du rocker sont à privilégier pour les vagues creuses et courtes. Pour ce qui est des pointbreaks, prenez des planches légèrement plus longues qu'à l'habitude. Il est possible de s'inspirer des modèles que les surfeurs du CT viennent d'utiliser cette semaine à J-Bay.

Pas d'inquiétude, si vous n'avez pas ce qu'il faut il y a quelques écoles (surtout sur Dar Bouazza) et des magasins de surf dans la région comme Rip Curl et Quiksilver qui ont remplacé les petits shops. Vous pouvez toujours acheter ou louer une autre board sur place pour tester un autre style de surf, si cette frustration venait à se faire trop grande !

La vibe au line up

Selon Zineb, il y a une bonne ambiance à l'eau, même si elle s'est un peu détériorée ces dernières années avec plus de monde à l'eau et des différences de niveau. La région reste tout de même plus épargnée que le Sud, plus touristique.Les surfeurs y sont aussi quelques peu plus ouverts. Pour les femmes, rares sont celles qui peuvent mieux témoigner que Zineb de la pression sociale subie à l'eau, dans un pays où, encore à l'heure d'aujourd'hui, elles ne jouissent pas des mêmes droits que les hommes...

Les dangers spécifiques à l'eau

Les dangers ne sont pas nombreux, en revanche les oursins sont bien présents. Ils se posent sur les rochers et compliquent l'entrée d'eau. Zineb insiste aussi largement sur le fait que le coin n'est pas épargné par le phénomène des débutants potentiellement dangereux par leur manque d'expérience et surtout de formation pour certains "ici on ne leur apprend pas à tomber et retenir leur planche" explique t-elle. Il y a comme sur nos côtes des baïnes sur les beachbreaks, et l'hiver les plages ne sont pas surveillées par les sauveteurs. Attention enfin à la pollution à l'embouchure des fleuves (oued) après de fortes pluies.

Que faire les jours de flat ?

Ce ne sont pas les activités extra-surf qui manquent ! À commencer par la visite de Casablanca, capitale économique et son ancienne médina incontournable. Elle vous permettra d'en apprendre plus sur l'histoire de la ville et du pays. Casablanca abrite aussi l'une des plus grandes mosquées du monde, Hassan II. Zineb conseille à tous les voyageurs de se rendre dans le quartier d'Habous, où se concentrent beaucoup d'artisans.

Plus près de l'eau, on peut pêcher à la canne et à Mohammédia, entre Casablanca et Rabat, il y a aussi de la voile, sur des embarcations Optimist.


La cuisine locale 

Les plats locaux se sont déjà fait leur réputation depuis bien longtemps ! Le vendredi c'est "vrai couscous et sans merguez" précise Zineb en riant. Différentes salades, caviar d'aubergines, tomate, oignons, poivrons, petites pâtisseries et thé à la menthe sont autant d'immanquable. Bonne adresse indiquée par Zineb, La Sqala à Casablanca.


    
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