Environnement - Océans : un traité pour protéger la Haute mer ?

Les représentants à l'ONU se réunissent cette semaine pour s'accorder sur « la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité ».

- @oceansurfreport -
La Haute mer représente en superficie 60% des océans, et la moitié de la planète. Juridiquement, cet espace commence là où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE). Ces dernières, dans le droit international, sont identifiées comme les 200 milles (370 km) au large des côtes d'un pays, et donc appartenant à ce dernier. Au-delà, la propriété n'existe plus, et avec elle la juridiction non plus. De ce fait, les eaux internationales sont des zones de non-droit, où l'écologie n'a pas sa place. Et depuis fin 2017, l'ONU souhaite changer cela.

En décembre cette année là, l'institution avait voté l'élaboration d'un futur traité contraignant sur « la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité ». Ainsi après plusieurs années de discussions informelles, la résolution a été prise de créer un "traité sur la haute mer", entamé en 2018, dont les négociations devront aboutir à une meilleur gouvernance et une meilleure préservation de ces espaces. Interrompues par la pandémie mondiale pendant plus de deux ans, les discussions ont repris cette semaine à New-York.



Quatre sujets principaux sont abordés

Les négociations lors de ces sessions (la quatrième ayant lieu actuellement) portent sur quatre piliers, identifiés depuis le lancement de ces dernières : la création d'aires marines protégées (AMP), poussées par l'Union Européennes, les ressources génétiques marines (notamment le partage de leurs avantages), mais aussi le renforcement des capacités et les transferts de technologies, demandé par les pays en développement (membres du G77), et enfin la réalisation d'études d'impact environnementales. D'autres points semblent avoir été écartés, notamment le sujet de la pêche, les États pêcheurs comme la Norvège, le Japon ou encore l'Islande ayant pu s'opposer à tout accord international dans le cas où les dispositions proposées à ce sujet étaient trop contraignantes.

La France participe bien-sûr à ces échanges, à la suite notamment du One Ocean Summit, qui s'est déroulé début février à Brest. La dynamique impulsée le mois dernier était "l'adoption cette année d'un traité ambitieux pour la préservation et l'usage durable de la biodiversité marine dans les zones au-delà des juridictions nationales". 


L'omission de sujets problématiques

À cette occasion, Greenpeace a protesté comme une forme d'hypocrisie de la part d'Emmanuel Macron. L'organisation non-gouvernementale internationale de protection de l'environnement a en effet souligné que bien que le Président de la République se soit prononcé en faveur de ce traité, il a aussi montré un intérêt pour l'exploitation minière en eaux profondes, qu'il aurait identifié comme un "enjeu stratégique" pour la France dès 2023. Greenpeace, à l'origine d'une pétition contre l'exploitation minière, avance que "cette industrie sera un désastre sans nom, pour la vie marine comme pour le climat", et de ce fait que le Président est "à contre-courant" en ce qui concerne la protection des océans.


De fait, alors qu'elle a longtemps suscité peu d'intérêt en étant perçue comme un désert aquatique, la tendance s'inverse à présent, la Haute mer ayant été identifiée comme recelant de ressources génétiques et minières. Le texte finalisé de ce traité est attendu en 2022, et l'on pourrait donc dès cette année entrevoir dans quelle dynamique future la préservation de l'océan sera ancrée.

Image à la une : © Conor Sexton
           
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