Environnement - The Ocean Cleanup à l'assaut du continent de plastique

En 5 ans, le 7e continent pourrait être nettoyé à 50% grâce au filet Jenny.

- @oceansurfreport -

17 tonnes de déchets plastiques sont déversées chaque minute dans les océans. Par année, le nombre s'élève à plusieurs dizaines de millions de tonnes. La gestion de la pollution des océans est donc plus que jamais un enjeu écologique majeur. 

Les points de vues divergent quant à l'axe à prendre pour réduire cette propagation de détritus. En effet, les opinions vacillent entre opérer un changement à la source du problème pour limiter l'utilisation du plastique, ou bien promouvoir une action dite “solutionniste”, qui vise à trouver des moyens pour extraire le plastique déjà présent dans les océans. L'ONG The Ocean Cleanup agit dans ce second secteur.

Jenny, la source d'espoir

L'ONG The Ocean Cleanup a développé un filet du nom de Jenny. Ce système, déployé dans les océans, vise à récolter les déchets plastiques en surface. Tiré par deux bateaux à une vitesse de 2,4 kilomètres par heure et équipé d'un système de propulsion, le filet montre des résultats plus que probants à la suite de sa phase de test. En août dernier, le prototype qui a sillonné les eaux de l'océan de plastique a récolté plus de 9 000 tonnes de déchets.

L'objectif à terme est de nettoyer le "7eme continent" : une énorme plaque de déchets plastiques qui se situe au Nord-est de l'océan Pacifique. Celle-ci occuperait plus de 1,5 million de km²,  à mi-chemin entre Hawaï et la Californie, et grandirait chaque jour un peu plus. Aussi appelée « la grande poubelle du Pacifique », le plastique s'y amasse du fait des courants sur près de 40 mètres de profondeur. D'autres gyres océaniques (vortex - gigantesque tourbillons d'eaux océaniques formés d'un ensemble de courants marins) existent aussi ailleurs sur la planète, dans les différents océans. 

Le mécanisme Jenny consiste donc à déployer un filet de plusieurs centaines de mètres de long et de 3 mètres de profondeur pour récolter le plastique flottant. De cette manière, la barrière n'emprisonne pas les êtres marins en son sein. Pour optimiser cet aspect de la mission, un équipage à bord des deux bateaux tracteurs observent les interactions avec la faune et la flore qui croisent Jenny. Le système de tractation est un point positif supplémentaire à cette invention. En effet, leur mobilité permet de cibler les zones avec le plus de déchets et donc, d'optimiser le temps de nettoyage. 

La cible du système Jenny est donc le plastique en surface. Certains spécialistes estiment cependant que la plus grande partie de déchets se trouvent plus en profondeur dans l'océan. Malgré tout, suite aux chiffres des premiers résultats de Jenny, le militant écologiste Bojan Slat estime qu'en 5 ans le septième continent pourrait être nettoyé à 50%, pour ensuite atteindre le palier des 90% en 2040

Ce dernier s'est d'ailleurs exprimé sur Twitter pour annoncer que l'espoir est permis, à nouveau : "Il y a exactement 10 ans, j'ai appris l'existence du grand continent de déchets du Pacifique. À l'époque, tout le monde me disait qu'il n'y avait aucun espoir de le nettoyer un jour.  Ils avaient raison : il n'existait aucune méthode pour le faire. Je suis fier (et soulagé) de pouvoir dire qu'il existe maintenant une méthode de nettoyage."


A propos de The Ocean Cleanup

The Ocean Cleanup est une ONG fondée en 2013 par Bojan Slat, alors seulement âgé de 18 ans. Emporté par une prise de conscience écologique, le jeune Néerlandais se lance pour mission d'œuvrer au nettoyage des océans. Très vite, sa cible première est le septième continent.  

Les travaux de l'ONG se sont donc portés sur la recherche de moyens pour nettoyer cette déchetterie géante. Alternant entre progrès enthousiasmants et déceptions, ce projet a parfois été qualifié d'utopiste. De fait, durant les premières années, Boyan et ses compères ont mis en place différents filets qui ne montraient pas une grande efficacité. Cependant, ces dernières semaines la place est à l'espoir et le regard est porté vers le futur. 

Toutes ces promesses et tout cet enthousiasme sont évidemment bons à prendre. La possibilité qu'un jour l'abomination que représente le continent de plastique disparaisse de la surface de nos océans est une véritable aubaine. 



Toutefois, des spécialistes dans le domaine du nettoyage sont biens plus mesurés quant à l'innovation que représente Jenny. Bien que la plupart d'entre eux saluent l'objectif final du projet, certains soulèvent quelques interrogations. Par exemple, l'étude de la consommation en carbone des bateaux, nécessaires pour tracter le filet, dévoile que nettoyer cette zone aura obligatoirement un coût environnemental.

Un autre point de divergence est évoqué. Des voix s'élèvent pour dénoncer le fait que ce genre d'initiatives sont certes bénéfiques, mais occultent la source même du problème. Nettoyer les océans est sans aucun doute une bonne chose. Toutefois, effacer la trace de la quantité astronomique de plastiques qui pénètrent les océans est impossible. L'endiguement du processus qui pousse le plastique à finir dans nos océans reste malgré tout la problématique primaire à laquelle des solutions efficaces doivent être apportées. 

> Pour plus d'informations, consultez le site de The Ocean Cleanup       

>> Lire ou relire : Plastic Odyssey - Une épopée en faveur de la protection de l'océan

      
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