Interview - Lost in the swell au Gabon : l'interview

Ewen Le Goff revient sur ce trip

- @oceansurfreport -

L’été dernier, Ronan Gladu, Aurélien Jacob et Ewen le Goff, les trois aventuriers de Lost in the swell s’aventuraient sur les côtes du Gabon pour un voyage exceptionnel façon survie, équipés seulement de leur fat-bikes et de leurs planches de surf. Avec la sortie des premiers épisodes de cette saison 3.2 nous avons eu l’occasion de poser quelques questions à Ewen sur la préparation de ce voyage et les conditions sur place qu'on image sauvages !

Vous aviez cette destination en tête depuis deux ans, comment l’idée a germé après votre trip aux Iles Salomon ? 

Comme à chaque fois, on voulait trouver un endroit où on pouvait potentiellement trouver des vagues et on avait envie de le faire différemment, avec un autre moyen de transport. Aux îles Salomon on naviguait en bateau mais finalement on voyait toujours les vagues de derrière, c’est compliqué pour estimer la qualité d’un spot. On se disait que l’idéal c’était d’être au plus près des vagues, face aux vagues, donc longer la plage pouvait être un bon compromis. On a commencé à se renseigner et on a trouvé les fat-bikes.
Quant au Gabon on a opté pour la destination en sachant que c’était au nord de la Namibie dont on connaissait déjà le potentiel, on a étudié la portion de côte gabonaise, inaccessible par la mer et la route. Les fat-bikes prenaient alors tout leur sens. 

Est-ce que l’un de vous se spécialise dans la lecture des cartes pour préparer le voyage ?

C’est quelque chose qu’on fait tous les trois, chacun apporte son expertise et son opinion. En amont des projets on prépare ça vraiment ensemble.

Vous aviez donc un itinéraire plutôt calé avant de partir ?

Comme nous partions en autonomie complète c’est la survie qui prime par rapport au planning ou encore aux vagues. En préparant un voyage on se renseigne au maximum, on étudie toutes les cartes possibles et imaginables et on se renseigne auprès de certaines personnes qui connaissent la destination.

Justement est-ce que vous aviez des contacts sur place ou qui connaissaient la destination ?

Oui notamment trois gars, Rodolphe, Damien et JM, qui nous ont accueillis sur place et aidés pour le côté logistique, la mise en place de l’expédition et l’envoi du matériel. Grâce eux, certaines démarches ont été simplifiées et on a gagné du temps. On a quand même pu organiser beaucoup de choses depuis la France mais en partant il nous restait encore deux inconnues : l’eau douce, et la topographie des plages pour savoir si on allait pouvoir rouler. Pour l’eau douce on s’est équipé de filtres lifrestraw en partant du principe qu’on trouverait dans les lagunes -fermées durant la saison sèche,- de l’eau douce qu’on pourrait purifier : parfait pour obtenir les 9 litres d’eau par jour nécessaires à notre survie (3L par personne). C’était le cas au début mais c’est devenu plus compliqué par la suite. Je ne dévoile pas tout vous le découvrirez dans les prochains épisodes, on a galéré ! Pour les plages on a étudié un maximum de photos pour voir si à marée basse il restait une portion un peu plus dure pour rouler et ça avait l’air d’être plutôt le cas.

On a pu voir dans les premiers épisodes que vous étiez accompagnés d’un guide, il est resté avec vous sur toute la durée du voyage ?

On avait toujours voulu faire ça dans nos précédents voyages : rencontrer les locaux, apprendre les choses à faire ou à ne pas faire mais la barrière de la langue était plus compliquée en Indonésie ou aux Salomons. Ca tombait donc vraiment bien que les Gabonais parlent bien français comme notre guide Anicet qui nous a suivi une dizaine de jours avant qu’on parte en autonomie complète.

On a pu lire dans l’un de vos récits sur place que vos potes en Bretagne vous avaient prévenus d’un swell qui allait rentrer. Depuis le Gabon vous récupériez ce genre d’infos en France grâce au téléphone satellite ?

Oui exactement on envoyait des textos à deux, trois potes qui regardaient les prévisions pour nous. C’était déjà dur de trouver un bon spot mais une fois qu’on était sur le spot il fallait attendre qu’il y ait de la houle. Là bas c’est un peu tout ou rien : vu que ce sont surtout des pointes, des gros décrochements s’il n’y a pas de houle ça ne marche pas. Il faut vraiment attendre un swell pour voir s’il y a de bonnes vagues. Et les swells là bas étaient très courts, 2/3 jours maximum donc il fallait vraiment prêts. Sans ces infos par téléphone on aurait surfé deux fois moins (rires). C’est stressant car même avec les prévisions on ne connaît pas le pays comme on connaît notre région en France, on ne savait pas si la houle allait être assez conséquente ou encore si les sites de prév’ étaient aussi fiables (ce n’est pas le cas). Par exemple pour la gauche de Bambi le swell est arrivé avec un jour de retard donc on était un peu dépité après tant d’efforts de voir que le spot était complètement flat mais on était finalement bien contents quand c’est rentré.

Cette gauche de Bambi, ou en tout cas ce type de vagues, vous l’espériez ?

Avec la Namibie à 3000 km plus au sud qui a une côte plutôt semblable au Gabon et reçoit les mêmes houles, on l’espérait vraiment oui.

Et à surfer ? 

Super frustrant ! Le line-up paraît parfait depuis la plage mais une fois dans l’eau ce n'est pas le cas (rires). Surtout qu’il y avait beaucoup beaucoup de courant à tel point qu’on n’arrivait pas à rester au pic, on avait beau ramer à fond on se faisait déporter. Tu vois donc le pic parfait à 100 mètres et t’y es jamais.

A l’eau justement il y avait du courant mais pas que… les requins, les crocodiles ?

On a mis toutes les chances de notre coté. Pour ça aussi on s’était bien renseigné au préalable, la côte gabonaise est très réputée pour les requins bouledogues. Quand les lagunes débordent lors de la saison humide, il y a de nombreux récits de pêcheurs qui décrivent des dizaines d’ailerons de requins apparaître à l’embouchure… Les guides de pêche locaux conseillent en général aux touristes de ne pas se mouiller plus haut qu’aux genoux sous peine de se faire bouffer.

Comment prend-on la décision d’aller à l’eau malgré ça ?

On a tablé sur notre bonne étoile, sur nos gri-gris et sur le fait que nous y étions en saison sèche donc une période moins propice pour rencontrer des requins. Il y a encore beaucoup de poissons dans les eaux gabonaises donc le requin est peut-être moins enclin à s’attaquer à l’homme.

Il y a un vrai engouement autour de vos projets, et beaucoup de monde rêve de faire comme vous. Au final il faut peut-être dire que ce n’est pas fait pour tout le monde ?

On fait ces projets par conviction, parce qu’ils nous tiennent à cœur. C’est une envie personnelle qui appartient à chacun. Ce qui plaît je pense c’est que c’est accessible, beaucoup de monde pourrait se payer un billet d’avion pour l’Indo et partir en mode survie sur une île, tout comme le vélo comme moyen de transport. On a pas mal de retours de jeunes qui nous contactent d’ailleurs pour savoir comment on en est arrivé là, ce qu’on peut leur conseiller pour qu’ils fassent la même chose. Les Lost in the swell Next Generation (rires).

Qu’est ce qui vous anime dans les prochains mois, vous avez déjà en tête l’envie de repartir ?

On a des idées de destinations et de moyens de transports mais pour l’instant rien de concret. Ca demande encore beaucoup de travail, pour l’instant on se concentre sur la projection du film et on essaye de se reposer. Ronan par exemple a passé par exemple 3 mois H24 à tout monter, et à côté de ça il faut aussi qu’on travaille parce qu’on est une asso, on ne retire pas d’argent de ces projets. Pour Ronan c’est la vidéo, et Nono et moi sommes saisonniers. On organise également l’édition du Flocon à la Vague, qui se déroulera en juin prochain. On est là-dessus pour l’instant.

Pour continuer à suivre les aventures de Lost in the Swell, rendez-vous sur leur site www.lostintheswell.com & leur page Facebook. Ronan, Ewen et Aurèl seront à la rencontre de leur public dans huit villes de France : Brest, Bordeaux, Paris, Cherbourg, Perros-Guirec, Guidel, Saint-Malo et Anglet ! Découvrez les dates de cette tournée sur le site de leur partenaire Oxbow

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